Le billet de Frédérick Gersal: Les arracheurs de dents!

Se faire soigner les dents est primordial pour la santé.

Le grand chirurgien Ambroise Paré affirmait que : «  la douleur des dents est la plus cruelle qui soit entre toutes les douleurs sans la mort » !

Le manque d’hygiène et malgré les poudres de dentifrices, les bains de bouche pour les privilégiés, il y a des caries, des abcès, des gingivites dont les effets provoquent des rages qualifiées d’infernales !

Pendant longtemps nos ancêtres ont fait appel aux plus ou moins talentueux arracheurs de dents !!!

La profession de chirurgien-dentiste ne fut instituée qu’en 1892. Alors on prend son mal en patience ! Il existe une solution : le dentiste ambulant : l’arracheur de dents, souvent un bateleur installé dans les foires, sur une estrade, son bagout attire le client, généralement le premier qui monte est un complice qui semble souffrir le martyre et l’arracheur extrait une dent de sa bouche ! Sans un cri de douleur sous les applaudissements du public présent ! Souvent il fracture les dents pour apaiser la douleur puis il vend des produits miracles : clous de girofle, plantes à propriétés narcotiques, extraits d’opium… Ces dentistes ambulants étaient plus efficaces que saint Avertin, moine breton invoqué dans les campagnes pour soulager les douleurs dentaires ! Parmi ces arracheurs de dent devenus célèbres en voici deux exemples :

D’abord le Grand Thomas

Il avait été chirurgien dans le Régiment des Gardes Françaises, puis garçon chirurgien de l’Hôtel-Dieu. En 1719 il se fait charlatan et s’installe vers le Pont Neuf, à Paris, près du Cheval de Bronze. Dans ses boniments il avait une impertinence volontaire et toujours un bon mot !

Il se tient sur un char très décoré, recouvert d’une sorte de toiture, entouré de barrières à hauteur d’appui et porté sur 4 roues ; offrant un élixir appelé « Esprit Solaire » !

Il était aussi dentiste et arracheur de dents (de 1711 à 1754) et il vendait une poudre dentifrice, il officiait accompagné d’un orchestre pour couvrir les cris du malheureux patient ! Il avait près de lui une belle brune, Madame Rogomone. Dès la dent arrachée, Thomas envoi son patient se rincer la bouche avec une eau-de-vie que lui tend la dame : « Allez, disait-il, allez boire un peu de « rogomone » » ! Ce nom a longtemps été conservé pour désigner vulgairement un liquide alcoolique quelconque !

Autre exemple, plus célèbre encore, Laurent Mourguet

Laurent Mourguet est né à Lyon en 1769, dans une famille de canuts, vous savez ces familles qui possèdent un, voire deux métiers à tisser tout au plus. Avec la Révolution, finit ces métiers à tisser, Laurent devient Colporteur, mais il n’a pas de quoi nourrir sa grande famille. Avec Jeanne ils ont 10 enfants ! Alors il prend une décision, il annonce à Jeanne qu’il est bien décidé à changer de métier. J’ai décidé de devenir « arracheur de dents ». Là je vous rassure tout de suite. A l’époque il n’y a aucune formation, aucun diplôme, tout le monde peut s’installer sur la foire, avec un bon gros fauteuil bien solide et une belle paire de tenaille à peu près propre… et il suffit d’attendre le client ! Seulement voilà, comme tout le monde peut s’installer, alors des arracheurs de dents il y en a plusieurs. Et vous, quand vous arrivez avec votre mal de dents, avec la chique et que vous souffrez le martyr… vous vous demandez lequel choisir.. lequel fait le moins mal ! Et tous ils affirment : venez me voir, ça va aller vite ! Vous ne souffrirez pas ! Je suis le moins cher ! Mais ils sont tous menteurs comme des arracheurs de dents !

Chacun essaye de faire sa pub. Au lieu d’engager un orchestre comme le Grand Thomas, Laurent imagine un petit théâtre de marionnettes et créé vers 1808 un personnage devenu célèbre : Guignol.

Laurent Mourguet associe les Molaires et Molière !