Après sept années de recherche et de collaboration, le projet PerfeCTO, porté par le Dr Sébastien Levesque, cardiologue au CHU de Poitiers, vient d’aboutir à une publication majeure dans la revue scientifique JACC Advances. Cette étude, financée par le fonds Aliénor, évalue l’utilisation de la tomographie par cohérence optique (OCT) pour améliorer la prise en charge des patients souffrant d’occlusions coronaires chroniques (CTO), une innovation qui pourrait transformer le suivi post-opératoire et réduire les complications à long terme.
Les occlusions coronaires chroniques concernent des artères obstruées depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Leur traitement, par angioplastie et pose de stent, est particulièrement délicat en raison de la fragilité des tissus et du risque accru de complications, comme la malapposition du stent, un défaut d’adhérence du stent à la paroi artérielle qui peut entraîner des infarctus ou des décès.
C’est dans ce contexte que le Dr Sébastien Levesque a initié, en 2018, le projet PerfeCTO. Ce projet a pour but d’évaluer l’apport de l’OCT, une technique d’imagerie intracoronaire ultra-précise (résolution de 10 microns), pour analyser la cicatrisation des stents après une angioplastie complexe.
« Nous avions une interrogation sur le devenir de nos patients après des techniques très complexes. L’OCT est la technique de référence pour observer la cicatrisation des stents, mais son utilisation dans le cadre des CTO n’avait jamais été étudiée de manière approfondie », explique le Dr Levesque.
Pour mener à bien ce projet, le Dr Levesque s’est entouré de sept centres hospitaliers français, dont les CHU de Tours, Toulouse, Clermont-Ferrand, Grenoble, ainsi que des cliniques de Nice, Nantes et Nancy. Chaque centre maîtrisait à la fois la technique d’imagerie OCT et les procédures de désobstruction des CTO.
Au total, plus de 100 patients ont été inclus dans l’étude. Chacun a bénéficié d’un suivi rigoureux : une première imagerie OCT immédiatement après la pose du stent, puis une seconde trois mois plus tard. « Nous avons réalisé plus de 1 000 mesures d’imagerie par patient, précise le Dr Levesque. Cela nous a permis d’analyser finement l’évolution de la cicatrisation et d’identifier les facteurs de risque de malapposition. »
Les résultats, publiés dans JACC Advances, sont sans appel : Le taux de malapposition des stents est passé de 7,84 % juste après l’intervention et à 15,03 % trois mois plus tard, révélant un phénomène de malapposition acquise, les malappositions étaient plus fréquentes avec les techniques de dissection et de réentrée qu’avec les techniques intimales (12,8 % contre 5,3 %), aucune complication n’a été observée avec l’utilisation de l’OCT et la surface de la lumière minimale des vaisseaux distaux a augmenté de 69 % en trois mois, signe d’une amélioration significative de la perméabilité artérielle.
« Ces résultats confirment l’intérêt de l’OCT pour le suivi des patients après une CTO, souligne le Dr Levesque. Cette technique permet de cibler les zones à risque et d’adapter le traitement pour pérenniser les résultats. »
Le projet PerfeCTO n’aurait pu aboutir sans le soutien du fonds Aliénor et de ses donateurs, qui ont financé l’étude, ni sans l’implication des équipes médicales et des partenaires académiques.
« Nous avons bénéficié de l’expertise du Pr Stéphanie Ragot du centre d’investigation clinique pour les analyses statistiques et du Pr Claire Bouleti pour la méthodologie de recherche et la publication, précise le Dr Levesque. C’est un bel exemple de collaboration entre cliniciens, chercheurs et mécènes. »
La publication dans JACC Advances marque une étape clé, mais l’aventure ne s’arrête pas là. « Nous avons déjà présenté nos travaux dans plusieurs congrès internationaux, et d’autres résultats sont en cours de publication, ajoute le Dr Levesque. L’objectif est désormais d’intégrer l’OCT dans les recommandations de suivi des CTO, pour une prise en charge toujours plus sûre et personnalisée. »
Les conclusions de l’étude PerfeCTO ouvrent la voie à une meilleure surveillance des patients après une angioplastie complexe.

