Greffe cellulaire pour traiter les brûlures de l’enfant : retour sur le projet du Pr Jiad Mcheik

Les brûlures sont fréquentes, notamment chez les enfants. Sur l’ensemble des patients brûlés, les enfants de moins de 18 ans représentent 60% des cas. En pédiatrie, les brûlures constituent la deuxième cause de mortalité accidentelle et la première cause de morbidité fonctionnelle et esthétique.

Les brûlures profondes et graves sont traitées habituellement par une greffe de peau fine, opération douloureuse et limitée pour couvrir les grandes surfaces brûlées. « Par exemple, pour couvrir une main brûlée, il faut prélever toute la peau d’une cuisse », précise le professeur Mcheik.

Une nouvelle technique de soins chez les enfants brûlés est développée au CHU : la greffe autologue kératinocytaire ou l’utilisation de kératinocytes préputiaux (cellules souches issues du prépuce) en suspension pour soigner les plaies de l’épiderme des garçons brûlés.

Fort du succès obtenu par cette technique, le Pr Mcheik souhaite aujourd’hui trouver un site donneur satisfaisant chez les filles et les garçons circoncis, dans la peau de l’aine et la région située derrière l’oreille, pour développer la même technique.

C’est dans cet optique que, depuis 2019, le fonds Aliénor a décidé de soutenir le professeur Mcheik dans ses travaux de recherche. A ce jour, le fonds Aliénor a pu reverser plus de 50 000 euros permettant le financement de temps d’ingénieur et de méthodologiste ainsi que des consommables.

Le professeur Mcheik explique que les pièces de peau préputiales sont facilement obtenues. L’équipe continue à extraire les cellules, à les caractériser, les étudier, à plusieurs niveaux : la peau est prélevée, les cellules récupérées, comptées, puis analysées. Des marqueurs sont utilisés pour chercher les cellules souches sur les cellules récupérées initialement. Ces cellules sont mises en culture, récupérées et de nouveau testées avec les marqueurs pour connaitre leur potentiel de prolifération. Ces mêmes cellules sont ensuite mises en culture pour faire de l’épiderme, de l’épithélium, pour connaitre également leur potentiel de régénération.

Sur le projet qui consiste à chercher un site donneur des cellules pour les filles, c’est un travail qui se fait uniquement en laboratoire, sans application chez les patients pour le moment.

Des pièces de la région inguinale ont pu être prélevées, de façon moindre certes, et testées selon le même processus que les pièces préputiales. La région derrière l’oreille est également une région où des cellules peuvent être traitées, mais les échantillons sont encore moins nombreux.

Ce projet est très prometteur et séduisant : Le fonds Autosphère, qui a fait un don de plus de 50 000 euros pour ce projet en 2020, se dit prêt à continuer à soutenir ce projet, sur les deux années à venir.

Mais ce projet a également suscité des vocations : un étudiant en médecine a décidé de faire son master 1 sur le sujet ; un interne de chirurgie pédiatrique a choisi de prendre une année de recherche dans le cadre de son master 2 pour préparer un sujet sur les cellules kératinocytaires ; puis, un maître de conférences à l’université s’est également arrêté sur cet axe de recherche. Ces trois forces vives viennent former une équipe puissante autour de ce projet dans le laboratoire LITEC. « Ils ont été séduits par le fait de traiter les brulures par la thérapie cellulaire, c’est attractif comme sujet », ajoute le Pr Mcheik, qui remercie tous ses donateurs. Il se dit satisfait du travail accompli, de l’accompagnement par le fonds Aliénor et des connexions avec l’université, notamment avec le projet « L’homme réparé », soutenu par la région Nouvelle-Aquitaine, qui offre une très belle visibilité sur son projet, ainsi qu’avec le laboratoire XLIM qui travaille sur la réalité augmentée et la possibilité de voir, en instantané, l’évolution d’une cicatrice.

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