Dr Nicolas MARJANOVIC – Impact de la télémédecine sur la décision médicale d’orientation vers les urgences lors d’un appel en régulation médicale pour un enfant présentant une dyspnée aigue

Contexte

La dyspnée, c’est-à-dire l’impression d’une difficulté à respirer, est quelque chose de fréquent, notamment chez le nourrisson et le petit enfant. Chaque année, près d’un quart des consultations aux urgences pédiatriques le sont pour des difficultés à respirer. En période hivernale et à cause des diverses épidémies virales, un nourrisson sur trois fera une bronchiolite et, parmi eux, un enfant sur dix présentera de très importantes difficultés pour respirer, ce qui imposera son hospitalisation.

centre d'appel

Projet de recherche

En France, avant de consulter aux urgences, on conseille à la population d’appeler le SAMU en composant le 15. Au SAMU, les personnes qui appellent peuvent avoir au téléphone un médecin, urgentiste ou généraliste, et lui expliquer la situation. En fin d’appel, le médecin prend une décision qui peut être un simple conseil, une orientation vers un service d’urgence ou, si la
situation le nécessite, l’envoi d’un médecin urgentiste sur place. L’ensemble de cet appel est appelé « régulation médicale » et elle a lieu exclusivement par téléphone sans que le médecin puisse voir le malade.

La régulation médicale d’un enfant rencontrant des difficultés pour respirer est très difficile. En effet, les petits enfants ne peuvent pas expliquer ce qu’ils ressentent et, en raison de l’inquiétude compréhensible, les parents rencontrent parfois des difficultés à décrire la situation. En conséquence, le médecin propose souvent une orientation vers les urgences, y compris pour des enfants
qui ne le nécessitent pas, ce qui est appelé « sur-triage », pour diminuer le risque de ne pas orienter à tort un enfant qui en aurait besoin, exposant celui-ci à un risque.

La télémédecine est un outil médical utilisant les technologies de l’information et de la communication. Elle permet notamment d’envoyer des photographies, des résultats d’examens complémentaires ou encore de faire apparaître sur l’écran du médecin ce qu’enregistre en direct la caméra des téléphones des patients. Il n’y a pas de travaux de recherche qui se soient intéressés à
l’utilisation de la télémédecine au SAMU pour l’évaluation de l’état de santé des enfants présentant des difficultés respiratoires.

Notre hypothèse est que l’utilisation de la télémédecine, c’est-à-dire, faire diffuser la vidéo de l’enfant, en direct et sur l’écran de l’ordinateur du médecin, permettrait à celui-ci de mieux évaluer la situation et de prendre une décision plus en adéquation avec la situation clinique.

Ainsi, l’objectif de ce projet de recherche est d’évaluer l’intérêt du recours systématique à la télémédecine pour l’amélioration de l’évaluation et de la prise en charge des enfants en détresse respiratoire pour lesquels les parents appellent le SAMU pour avoir un avis médical.

marjanovic

Portrait

Le docteur Nicolas MARJANOVIC est praticien hospitalier au sein du service des urgences, SAMU 86 et Service d’Accès aux Soins de la Vienne du professeur Olivier Mimoz. Il est titulaire d’une thèse d’université sur le support ventilatoire en médecine d’urgence. Son activité de recherche principale est réalisée au sein de l’équipe IS-ALIVE (Investigation of Sleep, Acute Lung Injury and Ventilation) dirigé par le professeur Arnaud Thille, et rattachée au Centre d’Investigation Clinique du CHU de Poitiers. Elle concerne les méthodes d’évaluation de la dyspnée et de la défaillance respiratoire et l’évaluation des nouveaux supports d’oxygénation et de ventilation aux urgences et en médecine préhospitalière. Il s’intéresse également aux nouvelles technologies et à leur intégration au soin pour l’optimisation du système de santé.

Budget du projet : 64 153 euros